Article du 5 mai 2024 rédigé par Christian Conrad, botaniste et naturaliste
Mais où sont passées les hirondelles ? Alors qu’elles envahissaient, autrefois, notre ciel, ces dernières sont de plus en plus timides, ce qui témoigne du mauvais état de la biodiversité ici et ailleurs.
Que ce soit en Europe ou en Afrique, les hirondelles ont vu leurs effectifs chuter. En effet, cette baisse continue des populations d’hirondelles ne date pas d’hier puisque nous sommes confrontés à une baisse générale du nombre d’oiseaux dans les villes comme dans les campagnes. Ces gracieuses annonciatrices de printemps sont en net déclin en France diminution de 20 à 50% des effectifs depuis 1970 pour l’hirondelle rustique et l’hirondelle de fenêtre. Le déclin de l’espèce va donc de pair avec la modification des pratiques agricoles, surtout que les hirondelles se nourrissent quasi-exclusivement d’insectes en vol comme le plancton aérien. «Désormais, l’hirondelle a de plus en plus de mal à remplir son gosier au printemps, soit à la période où elle a le plus besoin après la migration.» De facto, elle a donc également du mal à nourrir ses petits ou encore faire des réserves pour la migration post nuptiale, qui coïncide avec le début de l’été et cela en raison de l’emploi abusif de pesticides.
En second lieu, il y a la raréfaction des zones d’habitat rural et urbain traditionnel. La destruction des nids, en partie à cause des salissures sur les trottoirs ou les façades, il existe des moyens simples à mettre en œuvre pour garantir la bonne reproduction de ces oiseaux et éviter toute salissure sur les façades. Il suffit d’installer des planchettes sous les nids destinées à recueillir les fientes. Cette mesure efficace permet l’accueil de ces fragiles migratrices dans les meilleures conditions.
Les populations citadines sont les plus touchées, la cohabitation avec les hirondelles étant mieux acceptée dans le monde rural.
Depuis 2013, notre association organise le suivi des populations d’hirondelles de fenêtre, rustique et de rocher ainsi que les martinets sur quelques communes y compris Lisle sur Tarn. Surveillance des nids pendant la nidification et en dehors de celle-ci. Les nids sont protégés, même vides depuis 2009.
Nul n’est censé ignorer la loi
Les hirondelles et les martinets sont, au plan légal, protégés par la loi du 10 juillet 1976 sur la protection de la nature et l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 fixant la liste des espèces protégées sur le territoire national. Renforcé par l’arrêté du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection. Pour information, l’amende minimum est aux alentours de 1000€ pour un nid vide, et allant jusqu’à 12000€ avec une condamnation pour un nid habité.
La destruction de nids d’hirondelles, due aux pesticides et à la profonde altération des habitats, voire leur disparition, est l’une des causes principales du déclin des hirondelles en France.
Lors de notre inventaire en 2023, nous avons constaté une diminution de la population des hirondelles de fenêtres sur la commune de Montans et de Lisle sur Tarn, c’est un constat récurrent depuis dix bonnes années. Cette année, je compte peu d’hirondelles dans les villages que je visite ainsi que dans les bâtiments où nichent les hirondelles rustiques. J’ai bien peur que nous ayons franchi un nouveau cap vers le déclin de l’espèce.